Le téléphone sonne sur les doutes climatiques

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[Un avis proposé par Jean-Michel Reboul sur le dernier débat Courtillot – Van Ypersele. Merci pour ce texte.]

Intéressante émission proposée par Alain Bédouet sur France Inter ce vendredi, avec Jean-Pascal Van Ypersele, vice-président du GIEC, et Vincent Courtillot, directeur de l’Institut de Physique du Globe, qui  répondaient aux questions des auditeurs posées par téléphone.

Cette émission, d’une tenue toujours exemplaire, a-t-elle clarifié le débat ? C’est selon, car les deux invités sont restés sur leurs positions, et je ne sais pas si les auditeurs ont vraiment acquis des connaissances supplémentaires vis-à-vis de la responsabilité humaine dans le réchauffement.

« Le doute s’insinue », a déclaré le présentateur en introduction à l’émission, annonçant « qu’aujourd’hui même l’ONU a annoncé la constitution d’une commission chargée d’examiner les travaux et le fonctionnement du GIEC ». Un scoop, à ce qu’il semble, après toutes les déclarations d’expertise des « 2500 meilleurs climatologues du monde » (dixit Canal +, dans la présentation convenue d’une info à propos du dernier livre de Claude Allègre).

On n’a pourtant pas appris beaucoup de choses nouvelles de la part de Jean-Pascal Van Ypersele. Pour lui, le GIEC a montré que « l’essentiel du réchauffement des 50 dernières années est principalement dû à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre d’origine humaine. » Et il ajoute, pour prendre en compte les affirmations précédentes de Vincent Courtillot : « Alors peut-être qu’on montrera demain que le soleil vient en rajouter une couche, mais ça c’est quelque chose qui est bien connu. »

Vincent Courtillot a contredit plusieurs fois ces affirmations, toujours très poliment et pédagogiquement.

À la question d’un auditeur qui rappelait les deux périodes récentes du réchauffement 1910-1940 et 1970-2000 et parlait des années les plus chaudes (Janvier 2010 est, paraît-il, le 4È mois le plus chaud depuis 1880), Courtillot a fait remarquer que les deux périodes citées étaient effectivement identiques pour l’augmentation de la température et sa vitesse de croissance alors que le CO2 était insignifiant dans la première période. Puis il a fait également remarquer que lorsqu’on se situe dans la portion haute d’une courbe toutes les données affectées à une période relativement courte sont situées dans les valeurs extrêmes, ce qui permet d’imaginer soit que la montée va se poursuivre, soit qu’elle va cesser ou même décroître. Dans le cas du climat par exemple, la température est en légère baisse depuis dix ans, même si cela n’est pas une longue durée pour l’échelle du climat.

Beaucoup plus intéressants ont été ses apports sur les recherches de l’action du soleil sur le climat. Si la luminosité du soleil prise en compte par le GIEC dans le réchauffement ne varie que d’une partie pour mille, a-t-il expliqué, les différentes amplifications provoquées par les rayons cosmiques,  la physique des nuages, les champs magnétiques et les courants ionosphériques ont fait passer ce un pour mille à quelques dizaines de pour cent, d’après les recherches effectuées depuis 2005 (date à laquelle s’arrêtent les données du rapport 2007 du GIEC). Il a pris le pari devant témoins que d’ici 10 ans on aurait montré que c’est le soleil et non le CO2 qui est le pilote principal des changements climatiques jusqu’à aujourd’hui. Un autre scoop, donc ?

Un certain nombre de questions posées par Nathalie Fontrel ont pu être éclaircies pour les auditeurs : Pourquoi les climato-sceptiques ne publient-ils pas ? Faux, a répondu Courtillot, citant les 8 publications faites par sa propre équipe. Le GIEC doit-il être dissous, reconduit, étendu ? Courtillot ne croit pas que ce type d’organisme puisse faire la lumière dans le domaine scientifique, alors que Van Ypersele est persuadé que le GIEC s’applique à donner le meilleur de lui-même. Enfin, questionné sur sa participation au prochain rapport du GIEC, Courtillot se demande clairement si la participation de climato-sceptiques ne serait pas une manière pour cet organisme de montrer son ouverture en invitant quelques contradicteurs…

D’autres sujets ont été abordés, comme la jeunesse de la science climatique qui ne peut revendiquer que très peu de climatologues au sens strict (En France, Jean Jouzel spécialiste de la géochimie des glaces et Hervé Le Treut expert des modèles numériques sont les principaux participants français au GIEC et ne sont pas à proprement parler des climatologues). La contribution est donc souhaitée de toutes les autres disciplines pour ne pas considérer le climat comme le comportement d’une simple pelure atmosphérique mais comme l’interaction de facteurs très divers, comme les océans, les glaces, les continents et le Soleil.

Jean-Michel Reboul.

Pour écouter l’émission, cliquer ici (jusqu’à vendredi ; durée : 36 min).

16 Réponses to “Le téléphone sonne sur les doutes climatiques”

  1. Mr Hulot (celui de J Tati ! !) Says:

    Bonjour,
    J’ai également écouté cette émission.
    Certes, nous n’avons rien appris de nouveau.
    Mais la grande révélation est le changement de ton.
    J’avais le sentiment que deux thèses également valables s’affrontaient, sans qu’aucun aspect sulfureux ne soit attribué aux « négationnistes ».
    Que la certitude n’avait plus sa place.
    J’en fut agréablement sidéré.

  2. François Says:

    A propos du changement de ton. On peut noter également cette info qui concerne le méga « glaçon » (gros comme le Luxembourg) qui c’est décroché de la banquise antartique.
    Où, ce vendredi dernier, France Info interrogeait un expert qui étudie les glaçons de ce type (chronique de 3mn vers 17h30, http://www.france-info.com/sciences-environnement-2010-02-26-un-iceberg-geant-derive-en-antarctique-410723-29-31.html#). L’expert certifiait qu’on ne pouvait pas dire que ce dégagement d’iceberg était lié au RC.

    Deux remarques toutefois concernant ce non évènement qui souffle le chaud et le froid :
    – 1. On signale qu’un glaçon se détache, sacrée nouvelle! On assure auprès du public une quantité (une veille) d’information relative à la climatologie afin qu’il ne déconnecte pas jusqu’à la prochaine canicule.
    – 2. On sent effectivement une certaine réserve dans les commentaires de l’expert qui ne ce positionne pas franchement pour le RCA. Alors qu’il y a seulement 4 mois?…

  3. Greg Says:

    J.Jouzel en temps que géochimiste peut prétendre a une certaine « légitimitée » en matirere de climatologie (reconstruction des T°, taux de CO2 …) quoi que …

    Mais un « expert des modèles numériques » qui represente la climatologie en France, ça me depasse là.

    Enfin pas pire qu’un certain « ingenieur ferroviaire » spécialiste du climat me direz vous.

  4. williams Says:

    Je viens d’ecoute l’emission. Je suis surpris que le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele dit que la couche d’ozone va mieux alors qu’aux infos lors des printemps de HS on entend presque a chaque fois l’inverse. Puis on voit des preuvent satellites de la NASA… montrant qu’on nous dit l’inverse : http://www.notre-planete.info/environnement/trouozone_0.php ou http://www.futura-sciences.com/fr/question-reponse/t/rechauffement/d/existe-t-il-un-lien-entre-effet-de-serre-et-trou-dozone_51/

    Puis quand Courtillot dit que de 1910 a 1940 ont a eu aussi un rechauffement de 0.50°C et de 1940 a 1976 un reffroidissement alors que le CO2 n’a pas evolue de la meme facon cela prouve bien que celui-ci n’est pas la cause principale comme le GIEC le dit.

    Williams

  5. Clem Says:

    Si Van Ypersele dit que la couche d’ozone va mieux, c’est pour son argumentaire :
    1- L’homme <>
    2- Des scientifiques <>
    3- Prises de mesures au niveau international, et tout de suite ça va mieux.
    4- Je transpose ceci sur le climat.
    En gros, (que ça soit vrai ou pas) ça l’arrange que l’ozone aille mieux…

  6. rageous Says:

    Ce qui m’a plu et qui est nouveau, c’est l’annonce d’une légitimité, par l’enquête sur le Climate Gate et par ricochet celle concernant le fonctionnement du GIEC depuis la mise en exergue de ses erreurs (et pas seulement, Pach est aussi dans le collimateur), c’est l’attention portée sur l’indépendance et la parfaite compétence des membres désignés à enquêter.
    Jusque là Courtillot était discret, condamnant même la méthode (piratage), maintenant c’est sans complaisance comme s’il visait avant tout l’importance pour la science de s’affranchir de cette tromperie.

  7. Gilles des Landes Says:

    Sur la couche d’Ozone, les suivis semblent montrer effectivement que la situation ne s’améliore pas sensiblement, contrairement à ce qui est annoncé par certains qui prétendent que les mesures prises (réduction des CFC) ont été efficaces… On ne va donc pas révéler que peut-être (je fais partie de ceux qui n’avancent jamais de certitude…) le ramdam fait autour de cette affaire de réduction des CFC n’a servi à rien (tiens, ça ne vous rappelle pas le Co2, ou même H1N1???)
    Justement, et pour rebondir sur le post de Williams, je m’interroge depuis quelques temps sur les courbes de Co2 et leur corrélation que l’on donne pour « conforme » à celle des températures!!! Même si on ne prend pas la « référence » Co2 de Mona Loa ou les autres courbes calculées (qui sont toutes d’une régularité alarmante, alors que les volcans, les largages anthropiques ne suivent pas de courbes constantes), les autres courbes montrent des aléas importants qui ne collent pas (apparemment) avec les courbes T°. Et puis il y a ce pic de CO2 dépassant les 400 ppm vers 1940! cause? personne ne semble s’être posé la question…
    Avec tous ces questionnements (et ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg qui, même s’il fond reste suffisamment volumineuse…) comment des scientifiques peuvent-il continuer à être aussi affirmatifs! et seront-ils crédibles longtemps? that is the question…

  8. Murps Says:

    La couche d’ozone est la « vieille grande tante » du CO2 anthropique.
    Je suis prêt à parier un verre de whisky glacé contre une caisse de soda gazéifié (au CO2…) que les CFC n’y sont pour rien dans une couche d’ozone qui elle, n’a pas l’importance et la régularité naturelle qu’on lui accorde.
    Ils ont le dos large les CFC, comme le CO2, les vilaines ampoules à incandescence ou le DDT !

    Si les courbes de températures ne sont pas fiables, car bidonnées ou simplement non pertinentes (ce que je pense…), la corrélation avec les courbe de CO2 (courbes elles même douteuses, pour les mêmes raisons) devient franchement périlleuse.
    Mais quand on a la foi du charbonnier, on peut tout affirmer.

  9. scaletrans Says:

    La compilation de Beck dérange tellement qu’on fait, soit le silence, soit un déni vigoureux mais ne comportant aucun argument suffisant pour la démolir. Je sais que beaucoup de sceptiques même refusent de s’appuyer sur elle, mais j’attends toujours une critique argumentée, et il semble que j’attendrai longtemps…

  10. Gilles des Landes Says:

    Et je m’aperçois que je bois tous les jours une boisson que je gazéifie avec des cartouches de Co2 ; compte tenu de la toxicité de ce gaz, de plus GES, nous seulement je ne suis plus loin de l’empoisonnement, mais en plus je contribue au RCA. Heureusement que certains journalistes ne détiennent pas cette info, ils risqueraient d’en vouloir encore plus aux climato-réalistes….

  11. jmr Says:

    Le sommet de Montréal sur la couche d’ozone fait des gorges chaudes de ses résultats.
    Mais ces fameux résultats glorifiés par tous les intervenants ne concernent PAS la couche d’ozone mais les CFC. Le vrai résultat qu’aurait pu présenter Van Ypersele à propos de cette action internationale exemplaire applaudie par les fabricants majeurs de CFC est que les CFC vont bientôt disparaître. Mais leur action sur l’agrandissement du trou est considérée comme certaine alors qu’elle a été contestée par une étude plus récente contredisant la première théorie (Je n’ai pas retrouvé sur le web). Et bizarrement les industriels producteurs sont partie prenante et applaudis dans le protocole de Montréal, parce que le brevet des CFC était en passe de tomber dans le domaine public et qu’il était important de trouver des substituts.
    Exemplaire a dit Van Ypersele. Il suffit de le croire !

  12. scaletrans Says:

    Les arnaques à l’écologie ou au principe de précaution (les shadoks) se sont multipliées depuis; à noter que celle des ampoules basse consommation n’est pas mal non plus.

  13. JG2433 Says:

    Ces trois liens vers le site de l’Institut Hayek où il est question du Giec, de MM. Jean-Pascal Van Ypersele, vice-président du GIEC et Hervé Le Treut, expert des modèles numériques participant français au GIEC.

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1828:le-l-consensus-du-giec-r-du-point-de-vue-dun-physicien&catid=82:environnement&Itemid=63

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1827:perles-du-giec-2-mais-ou-est-donc-passe-jean-pascal-van-ypersele-de-strihou-&catid=82:environnement&Itemid=63

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1826:perles-du-giec-herve-le-treut&catid=82:environnement&Itemid=63

  14. JG2433 Says:

    Liens vers le site de l’Institut Hayek

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1828:le-l-consensus-du-giec-r-du-point-de-vue-dun-physicien&catid=82:environnement&Itemid=63

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1827:perles-du-giec-2-mais-ou-est-donc-passe-jean-pascal-van-ypersele-de-strihou-&catid=82:environnement&Itemid=63

    http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1826:perles-du-giec-herve-le-treut&catid=82:environnement&Itemid=63

    Je recommence (et m’excuse de l’éventuel doublon), mon post précédent n’étant apparemment pas passé.

  15. JG2433 Says:

    Suggestion : consultez ce site.

    http://www.fahayek.org/

    P.S. : j’espère ne pas avoir encombré inutilement le fil. En effet, mes deux précédentes tentatives d’envoi de message contenant des liens vers les articles eux-mêmes semblent ne pas avoir abouti.

  16. JG2433 Says:

    C’est bien ce que je craignais : trois posts (au-lieu d’un) pour le même objet.

    Je retiens donc que, lorsque le message contient certaines caractéristiques (plusieurs liens, en l’occurrence), il est opportun – et légitime – de se montrer « patient » avant que celui-ci n’apparaisse dans le fil de discussion.

    Mes excuses à nouveau.

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