Archive for décembre 2009

La « contribution carbone » est annulée

30 décembre 2009

La « contribution carbone » qui devait entrer en vigueur en France le 1er janvier 2010 a été annulée par le Conseil Constitutionnel. Cette décision a été annoncée par l’AFP hier soir vers 21 heures, c’est-à-dire 51 heures seulement avant l’entrée en vigueur prévue de la loi : on pourrait donc penser qu’il était grand temps que les Sages se réveillassent, mais en l’occurrence, ils n’avaient été saisis par des parlementaires que les 22 et 23 décembre. Autant dire que leur dinde de Noël a dû avoir un goût de loi de finances 2010.

Baptisé « taxe carbone » par une opinion publique qui, selon les sondages, lui a toujours été hostile, le « nouveau monstre fiscal » que dépeignait en septembre le journal La Tribune est donc mort-né, en attendant sa probable résurrection par François Fillon qui a annoncé un texte de remplacement pour le 20 janvier.

La première dénomination officielle de la taxe carbone avait été « contribution climat-énergie », ce qui sonnait comme une provocation pour les climato-sceptiques, pour qui il n’y a pas de lien démontré entre climat et émission de gaz à effet de serre (contrairement à ce qu’affirme la thèse que, par commodité, j’appelle « carbocentriste »). Les sceptiques avaient tout de même beau jeu de moquer les prétentions du législateur à réguler le climat comme on tourne le bouton d’un thermostat. Les déclarations post-Copenhague qui ont doctement affirmé que l’accord finalement conclu allait correspondre à une augmentation de 3°C de la température moyenne de la Terre au lieu des 2°C espérés relèvent d’ailleurs de la même prétention. (more…)

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Un complexe de taille

29 décembre 2009

Je mesure 1m72. Pour un homme de ma génération (j’ai 35 ans), ce n’est pas très grand. Sans être un « minus », j’avoue que j’aurais bien aimé que la nature m’eût dotée de quelques centimètres supplémentaires, qui eussent sans doute ajouté à mon charme. (Et le climat, dans tout ça ? Minute, minute.) Mais les lois de la physiologie sont sans appel : s’il est, paraît-il, des cas de croissance qui se prolongent jusqu’à l’âge de 25 ans, personne ne gagne en hauteur passé ce cap. Pourquoi donc ne peut-on plus grandir après et pouvoir ainsi rattraper son retard ?

Jusque là, il me fallait vivre avec ce complexe d’infériorité. Et puis, la libération est venue. Il y a quelques jours, en effet, un chat avec Jean Jouzel a été organisé par lemonde.fr. J’ai pu y poser la question suivante, tout à fait classique pour un sceptique :

Ben : Vous dites que « le réchauffement est désormais inéluctable », or la moyenne des températures globales est à peu près constante depuis 2001 et même des experts du GIEC ont récemment convenu, lors d’une conférence à Genève, que la stagnation pourrait durer encore une vingtaine d’années. N’y a-t-il pas là un gros problème ?

À cette question, Jean Jouzel a répondu, lui aussi dans une ligne carbocentriste des plus classiques : (more…)

Aurait-il fallu « Inviter la Terre » à Copenhague ?

23 décembre 2009

Parmi les multiples réactions à l’échec de Copenhague, une interview de Michel Serres paru le 21 décembre dans Le Monde a retenu mon attention, notamment en raison de son titre : « On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat ». Ce titre a été inspiré par le passage suivant de l’interview :

L’échec [de Copenhague] était donc écrit d’avance ?

Il était en tout cas probable, et pour une raison simple : on a oublié d’inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants. Cette absente, qui n’a encore jamais siégé dans aucun Parlement, je l’appelle la « Biogée », pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C’est un pays dont nous sommes tous issus. Qui va représenter ce pays-là ? Quel sera son ambassadeur, quelle langue parlera-t-il ? Cela reste à inventer. Mais nos institutions ne peuvent plus désormais se contenter de jeux à deux. Le jeu de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée.

J’ai du respect pour Michel Serres, qui est un homme d’une grande érudition. Certaines pages de lui sont écrites dans une langue admirable. J’ai dû, il y a quelques mois, faire un petit discours juste après lui, et je peux vous dire que, pour éviter la comparaison avec sa façon de manier les mots et l’humour, j’aurais bien aimé avoir pu parler le premier. J’avoue pourtant avoir beaucoup du mal à comprendre comment il est possible de tenir sérieusement les propos de l’extrait ci-dessus. (more…)

Scoop : les éditoriaux qui nous attendent après l’échec de Copenhague

18 décembre 2009

Maintenant (samedi 19 décembre, 00h15) que la conférence de Copenhague est terminée et que son échec est patent, voici quelques uns des éditoriaux à paraître, peut-être, dans les prochaines heures…

L’éditorial du docteur Coué :

Copenhague : un goût amer, mais des ambitions intactes

Bien sûr, la déception est là au lendemain d’une conférence à l’issue de laquelle les pays riches ont une nouvelle foi démontré que leur portefeuille compte davantage que la planète et l’avenir de nos enfants. Faut-il pourtant s’abandonner au pessimisme ? Loin de là. En réalité, l’issue immédiate de Copenhague n’est une surprise pour aucun observateur bien informé, car plusieurs facteurs conjoncturels étaient venus gâcher la fête. En particulier, Barack Obama, empêtré par l’action délétère des lobbys pétroliers et de son opposition néo-conservatrice, a dû temporairement revoir ses ambitions à la baisse pour la cause climatique dans son propre pays. Les hasards du calendrier électoral n’ont pas joué en faveur de Copenhague, mais le charisme du président américain, nouveau prix Nobel de la paix, reste intacte et, une fois ces élections passées, nul doute que le pays historiquement le plus pollueur de la planète saura prendre ses responsabilités, sous l’autorité d’un leader à l’honnêteté qui tranche avec celle de son prédécesseur honni. Les plaies ouvertes par ce dernier finiront par cicatriser mais, profondes, elles mettront un peu plus de temps que prévu.

D’autre part, tout le monde s’accorde à dire que Copenhague et sa mobilisation citoyenne sans précédent pourrait être un succès après coup, qui ne manquera pas de se renouveler et de peser lourd dans les prochaines réunions, notamment celle de Mexico. La bonne surprise pourrait fort bien venir de là, et les partisans du laisser-faire, les négationnistes climatiques et autres lobbys de l’industrie pétrolière auraient bien tort de se réjouir trop vite. (more…)

Migration sur Skyfal

16 décembre 2009

Frédéric, l’administrateur du site Skyfal (qu’on ne présente plus), m’a très gentiment proposé de tenir ce blog directement sur Skyfal. J’ai bien sûr accepté avec joie, la notoriété de ce site de référence n’étant plus à faire : le premier jour d’exploitation de ce blog m’a valu plus de 170 visites, très certainement dues pour l’essentiel au lien mis par Frédéric à la fin d’un texte que j’ai traduit pour Skyfal.

Mes billets seront donc désormais publiés sur Skyfal et pourront être commentés là-bas.

Sur la présente adresse, la fonction commentaire sera désactivée, mais l’intégralité des billets pourra être lue. Il y aura peut-être un ou deux réglages à faire pour que tout soit au point, merci par avance de votre indulgence.

De Stalingrad à Copenhague

16 décembre 2009

Le président Pompidou, à qui l’on demandait un jour quel était son dossier le plus urgent à traiter, répondit : « c’est de lire La Gloire de l’Empire », cette fascinante uchronie de Jean d’Ormesson (Gallimard, 1971). Dans cette veine, alors que le Climategate et la conférence de Copenhague font rage, je pense qu’il est aujourd’hui urgent de regarder cette passionnante vidéo : « Le Mythe de la bonne guerre » de Jacques Pauwels. (Il n’est pas absolument nécessaire de l’avoir vue pour lire le présent billet, mais ne manquez pas de le faire dès que vous pourrez.) Le passage suivant (entre 42’ et 46’) a particulièrement retenu mon attention :

Le tournant de la guerre, c’était quand ? (…) Beaucoup de gens croient que [c’est lors du débarquement en Normandie, en juin 1944]. (…) Pas du tout ! Le tournant est auparavant. Stalingrad ? Même pas ! (…) C’est le 5 décembre 1941. (…) C’est [le jour de] la première contre-attaque soviétique devant Moscou. Ce jour-là, ont sait que ses généraux ont dit à Hitler : (…) « Vous allez perdre la guerre. » (…) Ce jour-là, Hitler a compris (…) qu’il allait perdre la guerre. Mais personne ne le savait. C’est pour ça que beaucoup de gens croient que c’est à Stalingrad, le tournant de la guerre. Non, parce qu’à Stalingrad, tout le monde savait que l’Allemagne allait perdre la guerre. Mais Hitler le savait déjà un an auparavant.

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Climategate : Résumé à l’intention des décideurs

11 décembre 2009

La mission officielle de l’organisme principal du carbocentrisme qu’est le GIEC est ainsi définie :

« évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. »

Pour ce premier billet, je vais tâcher d’imiter le GIEC en tâchant d’« évaluer sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les errements scientifiques liés au « Climategate » et cerner plus précisément les conséquences possibles de cette affaire. » (more…)