Je mesure 1m72. Pour un homme de ma génération (j’ai 35 ans), ce n’est pas très grand. Sans être un « minus », j’avoue que j’aurais bien aimé que la nature m’eût dotée de quelques centimètres supplémentaires, qui eussent sans doute ajouté à mon charme. (Et le climat, dans tout ça ? Minute, minute.) Mais les lois de la physiologie sont sans appel : s’il est, paraît-il, des cas de croissance qui se prolongent jusqu’à l’âge de 25 ans, personne ne gagne en hauteur passé ce cap. Pourquoi donc ne peut-on plus grandir après et pouvoir ainsi rattraper son retard ?
Jusque là, il me fallait vivre avec ce complexe d’infériorité. Et puis, la libération est venue. Il y a quelques jours, en effet, un chat avec Jean Jouzel a été organisé par lemonde.fr. J’ai pu y poser la question suivante, tout à fait classique pour un sceptique :
Ben : Vous dites que « le réchauffement est désormais inéluctable », or la moyenne des températures globales est à peu près constante depuis 2001 et même des experts du GIEC ont récemment convenu, lors d’une conférence à Genève, que la stagnation pourrait durer encore une vingtaine d’années. N’y a-t-il pas là un gros problème ?
À cette question, Jean Jouzel a répondu, lui aussi dans une ligne carbocentriste des plus classiques :
Jean Jouzel : Il est exact qu’il y a une pause dans le réchauffement, mais nous sommes bien en période de réchauffement, car la première décennie du XXIe siècle, 2000-2009, sera la plus chaude que nous ayons connue depuis cent cinquante ans. Le réchauffement climatique doit être observé sur des périodes de temps suffisamment longues. Qu’il y ait d’autres périodes de pause est tout à fait normal, comme on peut le constater dans les projections climatiques qui confirment le réchauffement à venir.
C’est par souci d’exhaustivité que je cite la réponse en entier, même si la fin (qui mériterait un billet à elle toute seule) n’est pas le plus important ici. Le plus important, c’est ce passage :
(…) nous sommes bien en période de réchauffement, car la première décennie du XXIe siècle, 2000-2009, sera la plus chaude que nous ayons connue depuis cent cinquante ans.
Grâce à ce raisonnement en effet, je sais maintenant ce que je dois me dire pour résoudre mon complexe de taille corporelle :
Je suis bien en période de croissance, car la première décennie du XXIe siècle, 2000-2009, sera celle où ma taille sera la plus élevée que j’ai connue depuis que je suis né.
Monsieur Jouzel, c’est bien sincèrement que je vous dis merci.
(billet publié sur Skyfal).
26 janvier 2010 à 00:08
[…] La bataille du gaz carbonique By Benoît Rittaud Pendant longtemps, les médias désireux de faire avancer la « cause climatique » ont utilisé les courbes de température dite « globale », dont la hausse confortait l’idée d’un réchauffement climatique. Et puis une mauvaise surprise s’est produite : depuis le début du XXIè siècle, cette « température globale » n’augmente plus. Un repli tactique consiste alors à se focaliser sur la concentration atmosphérique en gaz carbonique : selon le carbocentrisme, l’augmentation de cette concentration réchauffe la planète ; glosons donc sur cette augmentation en attendant que la planète daigne coopérer sur le reste. À ceux qui s’interrogent sur la problématique décorrélation entre les deux grandeurs, il est toujours possible de rappeler que « les dix dernières années comptent parmi les plus chaudes jamais observées » (un raisonnement qui m’a permis de me débarrasser de mon complexe de taille). […]
20 mars 2010 à 01:38
[…] je ne peux à ce sujet que vous remercier à nouveau de m’avoir permis de résoudre mon complexe de taille. Et lorsque vous écrivez carrément que « [s]i dans dix ou quinze ans, la température n’avait […]
6 avril 2010 à 19:01
La bêtise c’est aussi de prendre une comparaison humoristique pour une preuve avec le renfort de qualificatifs à parfum mathématique.
Rigolez un coup ou détournez votre nez trop sensible.