Il était une fois une question environnementale appelée A : née à la fin des années 80, concrétisée en 1992 à Rio, elle grossit enfla jusqu’à emplir tous les discours dans les années 2000, de nos dirigeants planétaires aux tribus bantoues d’Afrique du Sud en passant par les Inuits, les buveurs de bière et les journaux.
Il était une fois aussi une autre question environnementale appelée B : née à la fin des années 90, elle grossit jusqu’à ce début 2010 pour emplir nos journaux et les discours politiques. B est moins mondialisée que A, mais a un rôle symbolique fort.
Pour A comme pour B, je ne vais pas aller au fond du sujet, mais l’un et l’autre sont intéressants (dans les deux cas d’ailleurs, il y a des problèmes de mesure, des problèmes de décompte, des modèles et bien plus encore mais le parallèle n’est pas total, je le confesse).
Pour A comme pour B, il y a un comité d’experts.
Pour A comme pour B, il y a des conventions internationales, qui sont présentées comme la solution ultime.
Pour A comme pour B, il y a des ONG qui font pression de manière tonitruante.
Pour A comme pour B, il y a l’UE qui s’affiche comme leader sur la question (avec toutefois des discussions internes intenses sur la question).
Pour A comme pour B, une grand’messe a été organisée l’une dans un pays du Nord l’autre dans un pays du Moyen-Orient.
La grand’messe de A s’est terminée le 19 décembre sans véritable accord. Le 18/03/2010, celle de B s’est terminée par un double vote négatif.
Deux fois, les promoteurs européens de mesures vigoureuses se sont fait piéger en oubliant qu’au niveau international, il faut savoir compter au-delà de 27 à la majorité simple … C’est piteux … Dans les deux cas, n’aurait-on pu être plus humble ou plus prudent ? C’est comme pour l’équipe de France de foot : à chaque fois, on croît que cela va marcher, qu’enfin, il y aura un vrai beau match et à chaque fois, cela foire. Au final, on se lasse et on change de chaîne.
Dans le futur, ne pourrait-on pas changer les joueurs, la tactique et ne plus écouter les supporters ? Le résultat serait peut-être le même mais la chute serait moins dure. Quant aux questions à résoudre, pour A, je suis sceptique, pour B je n’en sais pas assez, mais il y a certainement d’autres voies à explorer, moins glorieuses mais qui éviteraient de se retrouver à 27 dans le rôle de celui qui a perdu et la face et la partie.
21 mars 2010 à 09:41
Bonjour . Sur le Nouvelobs lundi 22 mars 2010 de 11h00 à 12h00
CLIMAT DEREGLE, PLANETE EN DANGER
Avec Hervé Le Treut , climatologue, membre de l’Académie des sciences, auteur de « Nouveau climat sur la terre » (Flammarion). POSEZ-LUI dès maintenant VOTRE QUESTION …
( question pertinente et embarrassante !)
21 mars 2010 à 10:37
Pour B, c’est d’autant plus piteux que les 27 n’étaient même pas unis et que Chypre et Malte ont aidé les adversaires à marquer contre leur camp. Reste qu’il ne s’agit là que d’une constatation de ma part et non de l’expression d’un regret. Entre les arguments des « pour » et ceux des « contre », il est bien difficile de s’y retrouver. Beaucoup plus difficile que sur la question A où les carbocentristes semblent enfin sur la défensive et à court d’arguments.
D.E.G. 😉
21 mars 2010 à 11:07
Zut, j’ai dû rater un épisode : je n’ai pas la télé ! De quoi s’agit-il en B ???
21 mars 2010 à 11:14
@ PBR
Interdiction de la pêche du thon rouge. La conférence de Doha s’est terminée par des votes négatifs.
21 mars 2010 à 11:44
Ah ! OK, je n’avais pas percuté sur le Moyen-Orient et le vote de Chypre et Malte… comme vous dites : « Entre les arguments des « pour » et ceux des « contre », il est bien difficile de s’y retrouver. Beaucoup plus difficile que sur la question A où les carbocentristes semblent enfin sur la défensive et à court d’arguments. » Qui sait vraiment, sans parti-pris, ce qu’il en est des capacités de reproduction du thon rouge et de son seuil minimum ?
21 mars 2010 à 12:52
Alors ça c’est marrant que vous vous prononciez là dessus. Sans avoir creusé la question du thon rouge, je trouvait également cette affaire suspecte, pleins d’analogies avec le RCA.
Mise à part les analogies, quand on interroge les japonais sur cette consommation, il s’agit de quelque chose de [b]très[/b] important pour eux (un peu comme le fromage pour les français, c’est cette comparaison qu’a pris un japonais interviewé « Que diriez-vous, français, si on vous interdisais le fromage.. etc ? »).
Ils sont accusés de mettre en danger l’espèce… Alors ? Sont-ils idiots à ce point qu’ils mettraient en danger leur propre intérêt ? (Je vois cette affaire très différemment de ce qui a pu se passer concernant, par exemple, le commerce de l’ivoire des éléphants qui était le fait de braconniers ne voyant que leur intérêt sur le court terme.)
21 mars 2010 à 14:33
Sauf erreur de ma part, l’UE ne se préoccupe même pas de compter jusqu’à vingt-sept ; même pas jusqu’à un.
21 mars 2010 à 14:46
@PBR
Un article du Monde (sauf qu’il n’y a pas de thons français, ils sont le plus souvent dans les eaux internationales : il y a par contre des bateaux français qui pêchent le thon rouge)
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/03/19/apres-doha-quel-avenir-pour-les-thons-rouges-francais_1321334_3244.html#xtor=AL-32280184
Voici l’évaluation faite par la CICTA (chercher thon rouge de l’Atlantique)
http://www.iccat.int/fr/assess.htm
Et pour la petite histoire, un courrier de la CICTA au WWF
Cliquer pour accéder à 668-10_FRA.PDF
@pierrel
C’est à la fois plus compliqué et plus simple d’un point de vue négociations internationales.
La CICTA n’ayant pas donné satisfaction aux ONG (qui y ont moins de poids auprès des négociateurs, et qui nient les travaux de cette enceinte), la tactique est de changer d’enceinte, la CITES, plus environnementaliste et jugée plus efficace : ce n’est pas totalement illogique, car effectivement, le commerce international du thon rouge est très important vers le Japon (très gros consommateur de poisson en général).
Il est à noter que dans les deux enceintes, la question de l’efficacité est centrale et … repose sur la bonne volonté (ou les capacités effectives des pays signataires).
Le thon à la CITES implique un changement de pratique fort dans cette enceinte, car ce serait la première espèce très commerciale qui y serait inscrite, ce qui motive le blocage de nombreux pays en développement, qui sont réticents à voir réguler leurs productions via cette enceinte, car cela ferait jurisprudence pour bien d’autres espèces.
Dans le cas du climat, il n’y a pas bagarre entre deux enceintes, il y a bagarre autour de la reconduction du protocole de Kyoto ou de son évolution.
Mais entre A et B, il y a des enjeux, parallèles sinon convergents, de développement, d’utilisation et de consommation de ressources naturelles, de régulation mondiale, de questions nord-sud, et …. de plantage de la stratégie suivie par les Européens …
21 mars 2010 à 17:39
@araucan
Merci pour ces explications. Je comprends bien les tactiques des ONG qui cherchent la pente de moindre résistance pour parvenir à leurs fins. Les questions de droit internationale ne me sont pas inconnues, en particulier la souveraineté des Etats qui constitue pour le moment la meilleure protection contre les dérives onusiennes, comme à Copenhague. Mes lacunes sont plutôt scientifiques. Autant le désaccord au Danemark me ravit en ce qu’il confirme une pensée d’un prince dudit pays (« There are more things in heaven and earth, Horatio, than are dreamt of in your philosophy »), autant je suis incapable de me faire une opinion sur les conséquences pour le thon rouge du désaccord de Doha.
21 mars 2010 à 18:20
@pierrel
De toute façon, dans toutes les enceintes traitant d’environnement, les questions de souveraineté sont des points de difficulté (non sans raison).
Sur les stocks de thon rouge pour ce que j’en comprends, l’hypothèse UE-ONG, est qu’en bloquant les flux commerciaux vers le Japon, on tarit la raison pour laquelle il y a eu surpêche d’autant que le thon rouge vaut très cher au Japon. Pour ce que j’en comprends quasiment personne ne nie qu’il y a surpêche, ni qu’il y a des problèmes de contrôle. Donc si on bloque le commerce vers le Japon (avec le fait que les pays ne pourront consommer que ce qui est pris dans leurs eaux), on devrait limiter la surpêche, d’autant que le prix du thon rouge devrait baisser.
Mais cela doit être relativisé : un ou plusieurs pays peuvent s’extraire d’une décision de la CITES. Quand bien même cette décision serait votée, cela n’empêcherait nullement les pays « intéressés » de s’extraire des dispositions CITES sur l’espèce concernée (ce qu’a fait le Japon pour les baleines par exemple) et de continuer à le pêcher …
Si le thon rouge n’est pas à la CITES, c’est la CICTA qui garde le « contrôle » et définit les quantités qui peuvent être pêchées ainsi que les mesures de contrôle des pêches.
21 mars 2010 à 18:53
« …qu’une organisation de bonne réputation, comme le WWF… » dit la lettre du CICTA : ils parlent de ce lobby qui donne des références inattaquables sur le climat aux rédacteurs du GIEC ? Ils sont bien gentils…
21 mars 2010 à 18:58
@ araucan
Merci encore, je comprends mieux. 🙂
21 mars 2010 à 19:50
A lire : le rapport français Escrime ayant servi pour le rapport du GIEC 2007 : http://www.rac-f.org/IMG/pdf/21274-48.pdf trouvé sur le site du Réseau Action Climat qui regroupe plusieurs asso et lobbies environnementaux dont le WWF « de bonne réputation ».
21 mars 2010 à 20:11
Le RAC récupère le travail fait par d’autres :
voici le site officiel du projet Escrime http://escrime.ipsl.jussieu.fr/
Qui à votre avis a payé les travaux ayant abouti aux articles ? et à l’édition ?
ça n’est pas le RAC !
Sur la lettre de la CICTA, c’est déjà en soi un événement qu’une telle organisation réagisse à une publication d’ONG et si elle veut se faire entendre, elle ne va pas insulter le destinataire du courrier en plus !
Il faut être clair, le WWF est devenu une institution dans certains pays (et selon les sujets et les pays, il n’est toujours le plus extrémiste même si sur le climat, il joue le jeu à fond). Comme pour les grandes entreprises multinationales (ce que certaines ONG sont, vu leurs budgets et leurs activités), les ONG ont des stratégies à elles, adaptées à leur objet : WWF a en particulier développé une certification environnementale pour la forêt (FSC) et une pour la pêche en mer (MSC) … ce qui suppose de travailler avec les entreprises plus classiques celles-là.
21 mars 2010 à 20:33
@araucan
sur le WWF lire ceci est instructif:
http://eureferendum.blogspot.com/2010/03/amazongate-part-ii-seeing-redd.html
notons que des ONG plus responsables et plus soucieuses des populations indiennes (et moins mercantiles) ont fortement critiqué cette forme d' »impérialisme environnementaliste »
21 mars 2010 à 22:56
Je rappelle que le magazine Fusion a consacré un N° Fusion hors-série n°3 – Réchauffement climatique, mythes et réalités
On y trouve un article édifiant sur le WWF
Fhs3.6 – La véritable nature de WWF – Emmanuel Grenier (9 pages)
Cliquer pour accéder à Fhs3.6.pdf
Greenpeace n’est pas en reste.
F57-3 – Fusion ouvre le dossier Greenpeace – Emmanuel Grenier (22 pages)
Cliquer pour accéder à F57003.pdf
21 mars 2010 à 23:35
Pachauri ne reconnait qu’une « erreur » sur la fonte des glaciers Himalayens et reçoit encore un prix ! :http://in.reuters.com/news/video?videoId=57682232&feedType=VideoRSS&feedName=TopNews&videoChannel=101&utm_source=twitterfeed&utm_medium=hellotxt&utm_campaign=Feed%3A+reuters%2FINVideoTopNews+%28Video+%2F+IN+%2F+Top+News%29&utm_content=Twitter
21 mars 2010 à 23:46
Pour Benoît Rittaud : les internautes qui vous posent des questions vous prennent pour un statisticien ? Des éléments pour améliorer vos connaissances sur le sujet : http://wattsupwiththat.com/2010/03/20/science%E2%80%99s-dirtiest-secret-the-%E2%80%9Cscientific-method%E2%80%9D-of-testing-hypotheses-by-statistical-analysis-stands-on-a-flimsy-foundation/#more-17521
22 mars 2010 à 00:21
Pour les traducteurs : Manu, etc. : ça vaudrait peut-être le coup de traduire ce texte-là au sujet de Scarfetta et de ses découvertes ? :http://wattsupwiththat.com/2010/03/14/dr-nicolas-scaffeta-summarizes-why-the-anthropogenic-theory-proposed-by-the-ipcc-should-be-questioned/#more-17314
Il me semble que Jean Martin en parle, mais je n’ai pas retrouvé où il en parle ; ce post-là étant plus récent que le dernier de Pensee-unique, il doit donc compléter ce qui s’y trouve ?
22 mars 2010 à 00:52
@yvesdemars
« The scheme was to comprise two parts. First, there is a set-up fund to create « reserves » or « protected areas » (PAs), where deforestation would be prevented (This fund has already been set up and is currently worth $4.5 billion, made up from donations from Norway, France and four other countries). Secondly, the CDM kicks in. Each ton of carbon dioxide « saved » in the protected areas becomes a carbon credit, sold to industrialists in the developed world to allow them to continue emitting CO2. By this means, the funds come rolling in. »
Cela résume le système REDD. Sauf que le fond créé n’est pas que pour l’Amazonie.
« France, Norway and four other countries pledged an initial $3.5 billion to REDD Plus through 2012. The core coordination group established in Paris will, among other things, see where the funds are spent and ensure it is done fairly. »
Lien du lien : http://www.mysanantonio.com/livinggreensa/87559137.html
Voir la réponse faite à Marot, là
https://lemytheclimatique.wordpress.com/2010/03/09/comment-se-partager-des-milliards-grace-au-carbone/#comment-1903
Et si vous voulez avoir une idée de ce que pensent les populations locales , faites un tour par là :
http://www.redd-monitor.org/
L’idée que le conservationnisme (biodiversité ou crédits carbone) est une nouvelle forme d’impérialisme ou de paternalisme n’est pas d’aujourd’hui mais n’est pas très diffusée, ne serait-ce que parce qu’il existe une alliance objective sur ces sujets entre les pays développés et les pays en développement.
Pour le WWF france voir là (en bas de page) :
http://www.wwf.fr/informations-financieres
WWF international
Cliquer pour accéder à annualreview_2008.pdf
22 mars 2010 à 01:15
PBR a dit :
« Pour les traducteurs : Manu, etc. : ça vaudrait peut-être le coup de traduire ce texte-là au sujet de Scarfetta et de ses découvertes »
C’est déjà en cours.
Il n’y a que mille mots, 500 si on exclut la table des matières du document complet. La traduction me paraît un jeu d’enfant… 😉
22 mars 2010 à 05:08
Voilà la traduction de Dr. Nicola Scafetta summarizes “why the anthropogenic theory proposed by the IPCC should be questioned” est sur mon site :
http://perso.latribu.com/rocky2/e-books/nicola_scafetta_resume.zip
L’archive contient un document Nicola Scafetta resume (FR).pdf et le document ODT qui a servi à le créer.